le petit périple d'un jeune nomade Algérien aux phares d'Algérie, Interview....

 

Sakhreddine Fenara, 22ans, encore étudient.
il vient d'accomplir lors de cet été un voyage des plus magiques qui soient, il décide d'explorer une partie de la côte Algérienne sans vraiment suivre un plan  particulier,  un seul mot d'ordre "le vagabondage".
donc il s'en va...seul, avec un budget restreint, il se déplace par autostop , dort à la belle étoile, compte sur ce que lui fourni la forêt pour se faire du feu et ne refuse pas de passer une nuit de temps en temps sous le toit d'un ami.
mais vraiment partir tout seul?... quel culot!
des risques il a du on affronter, mais il a vécu des choses bien aussi.
retour sur ce voyage à travers des questions auquelles il a répondu avec plaisir. en effet quelle joie de pouvoir raconter ses prouesses!

rappelons que Sakhreddine est un membre très actif de l'association les Nomades Algériens (https://www.facebook.com/lesnomadesalgeriens/  ) , où il occupe  le poste du chef de "la section culturelle"

comment est née l'idée d'un tel voyage?

j'ai toujours aimé les voyages, j'ai souvent voyagé au sein des nomades Algériens, parfois avec des amis, mais jamais seul.  ce fut lors du tourism Camp de Bejaia  (activité organisée par Tourismay https://www.facebook.com/TourismAY/ , et dirigée par  Nadjib Benbousseta) que j'ai réalisé la faisabilité de la chose, où une tante et quelques astuces suffisait pour vivre...sans argent.

en plus j'avais en tête beaucoup d'idées ou plusieurs versions de voyages, dont l'une consistait à visiter les phares de l'Algérie. cette version s'imposa à moi  quand j'avais feuilleté  dans une librairie,  le livre  de Zinedine Zebar: "les phares d'Algérie"
je voulais bien l'acheter, mais j'avais pas les 5000 Da....alors j'avais décidé de partir et de visiter ces phare...gratuitement!

 

quels sont les motifs qui vous ont  poussé à partir?

Oran; sous les arcades, à droite: Place des Victoires

 l'idée de ce voyage tournait toujours en rond dans ma tête, je n'arrivais pas à me lancer et j'ai même failli annuler. je pensais et repensais aux difficultés que je pouvais rencontrer, mais en même temps ce fut la chose qui me motivait en quelque sorte, partir pour vivre l'inconnu!

et puis ça n'allait  pas très bien depuis quelque temps. je me cherchais et la sédentarité à Oran n'arrangeait pas les choses, il fallait absolument que je bouge, alors un matin j'avais pris mon sac et j'avais sauté dans le train à la gare d'Oran.

l’itinéraire....

alors le but de ce voyage fut de visiter les villes algériennes qui abritaient des phares, donc j'ai été au :

• Cap Caxine à Alger, où je suis resté 3 jours, parce que j'avais encore un peu peur de me lancer...

• Cap Carbon à Bejaïa, j'ai visité Ouzellagen (où j'ai raté un mariage pour le retard que j'avais pris), et notemment Ifri.

• Rass El-Afia à  Jijel.

• Rass El-Hdid ou Cap de fer à Skikda mais aussi le Phare vert dit cap des singes.

• Rass El-Hamra ou Capde Garde à annaba. et j'ai poussé jusqu'à El-Qala.
• puis je suis revenue par Canstantine, pour faire la surprise à ma grand-mère paternelle.
• ensuite Alger, Tipaza et Cherchel qui fût ma dernière station.

                                         

alors,  raconte-nous un peu:

 la chose la plus drôle qui te soit  arrivée?

Sakhr penche un peu la tête pour réfléchir, et puis il se met à rire:
ah, oui je me rappelle ce fût à Tipaza, le Phare était fermé et je ne voyais pas comment y accéder. j'étais tombé sur un marchand de thé ambulant qui m'indiqua une entrée à travers un chantier avoisinant, alors j'y suis allé. pendant  que je poursuivais mon chemin avec insouciance, un type énorme me barre la route et avec lui son chien, aussi impressionnant que lui :
-Welli (fait demi-tour), m'aboya-t-il.
je me suis arrêté net, tourné à 180° et j'ai rebroussé chemin.
je te jure (dit-il en rigolant)  une vrai scène de dessin animé!

et qu'est-ce qui fût le plus difficile?

 là encore il réfléchit un peu avant de répondre:
hum, après l'étape Alger-Bijaïa -des villes que j'ai connues auparavant- ce fût Jijel; une ville nouvelle pour moi, je fût accueillit par des regards hostiles, je n'était pas bien reçu,  contrairement au reste du territoire Algérien, je ne sais pas pourquoi, je n'ai rien contre la ville, elle est magnifique, mais c'est peut-être le tempérament des habitants!
mais le pire ce fût la fois où j'ai failli me faire agressé! toujours Jijel, cette ville a, à mon avis le plus beau phare que j'ai visité jusqu'à maintenant, j'étais à l'affut d'un endroit où je pouvais passé la nuit, j'avais fini par trouver; sur des rochers qui surplombaient une splendide plage, là des familles et des groupes d'amis profitaient pleinement de l'été, j'étais absorbé par le coucher de soleil, quand tout d'un coup j'avais senti quelqu'un qui rôdait dans les parage,  j'avais vite caché ma Gopro et mon téléphone, un type  s'approcha vite de moi me tint par le bras, heureusement qu'une bande de garçons avaient vu la scène et se sont mis à me parler comme si on se connaissait, ainsi le monsieur n'insista pas trop, et partit vite fait.
après la nuit a commencé à tomber, et Zut je n'avais pas ramassé de bois pour la nuit!  mais il y avait la pleine lune, et le Phare s'alluma à 20: 55 précise! waaaa, ce fût un moment magique, assez pour me faire oublier l'épisode désagréable que je venais de vivre.

et votre coup de cœur?

c'est ce qui arriva tout de suite après, profitant de cette nuit bien éclairée je me suis mis à lire, jusqu'à ce que j’entende à nouveau des pas qui s'approchaient!?
ce fût un vieux monsieur qui venait de la direction du phare, faisant partie de l'équipe de surveillance ; on l'envoya en éclaireur pour vérifier l'origine du feu en bas. il fut assez surpris de me trouver moi!?  un jeune homme dépassant la vingtaine, venu camper dans la nature, en compagnie d'un livre et d'un  carnet de notes!
il se mit à me poser des questions sur ma vie, mon voyage, ce que je voulais réaliser, une magnifique conversation s'engagea, au cours de laquelle il avait fini par me dire que ce que j'essayais d'acquérir en réalisant ce voyage je l'avais déjà. puisque j'étais là!
je crois que c'était la partie la plus féérique de mon voyage, je ne connais pas son nom, et il ne connait pas le mien...je l'ai surnommé le Prophète!

l'inattendu?

ce fut les gens qui me suivaient sur les réseaux sociaux et que je ne connaissait pas forcément, on m'envoyait des messages d'encouragements genre: "j'aime beaucoup ce que vous faîtes, continuez à nous émerveiller! "
j'en ai même rencontré un à Bijaïa, je ne le connaissais pas, il avait proposé qu'on se voit, on avait fait une grande randonnée ensemble:  Yemma Gouraïa, pic des singes, et Cap Carbon, et finalement il avait proposé de m'héberger pour la nuit. ce fût très sympa.

• nous aussi on a suivi ton voyage à travers les réseaux sociaux avec beaucoup d’intérêt, c'est assez original d'avoir choisi de parler en anglais (la langue que vous étudiez en ce moment à l'université)

 pourquoi l'avoir divisé en chapitre? et peut-ont savoir en quoi ils consistent ces chapitres?

très bonne question! dit Sakhreddine avec des yeux brillants!
je me suis inspiré de Aissaoua, qui sont une secte  religieuse et qui plus que "chanter", ils s'engagent dans un voyage spirituel, au bout duquel ils finissent par trouver Dieu, à travers ces chants religieux en question.
mon voyage fût un mélange d'efforts physique et d'une quête spirituelle:
 le premier chapitre "remémoration" était peuplé des éléments de la vie que je vivais avant le voyage.
 le second chapitre "possession" c'est là où j'étais à fond dans mon voyage, ce fut à Jijel,  quand l'inconnu commença pour moi.
 le troisième chapitre "Présence" et c'est là où j'ai réussi à engager une véritable conversation avec moi-même, j'avais réussi à atteindre la sérénité, comme après une tempête. je me souviens bien de cette scène, où je participais à un marathon de 18 km, dans la forêt de Seraïdi à Annaba.
un moment donné je me suis retrouvé isolé des autres coureurs, j'ai oublié la course et je me suis mis à la marche, pour admirer la nature, ce fût elle qui m'aida à retrouver cette "Béatitude".

et la fin ....pourquoi vous êtes vous arrêté à Cherchel?  vous auriez pu continuer!

je dois avouer que là, j'étais fatigué, exténué et j'en pouvais plus! je manquais terriblement de sommeil, j'étais amaigri. et puis... ça sentait que le voyage touchait à sa fin j'avais atteint une certaine satisfaction, et je pouvais enfin m'arrêter.

P.S: je connais Sakhreddine Personnellement , et j'étais au courant de son projet depuis le début, je l'avais même accueilli à son retour, je tenais à le questionner et transcrire son récit sous cette forme, pour le partager avec vous, vous qui aimez lire et voyager!