jeudi 27 octobre 2016

épisode magique, le grand livre de la nature



"l'astronome peut vous parler de la compréhension qu'il a de l'espace, mais il ne peut vous transmettre cette compréhension.
le musicien peut avec son chant vous faire entendre le rythme qui remplit tout espace, mais il ne peut vous transmettre l'oreille qui saisit ce rythme, ni la voix qui lui fait écho.
car les visions qui appartiennent à l'un  ne prêtent pas leurs ailes à l'autre.
et comme chacun de vous est unique dans la connaissance de dieu, ainsi chacun de vous doit-il être unique dans sa connaissance de dieu et dans sa compréhension de la terre."
le Prophète-Khalil Gibran
 
parfois je voudrai vous donner mes yeux pour que vous voyez à travers! je pourrai essayer de parler pendant des heures mais rien ne vaut l'image que j'ai devant les yeux maintenant.

précédemment:

je me posais des questions sur les premiers hommes qui ont habité la ville d'Oran, leur mode de vie,  toutes les difficultés qu'ils enduraient pour survivre.
une seule vraie conclusion à une enquête qui ne fait que commencer: seule une connaissance approfondie de la nature pouvait les aider à préserver leur vie, en attendant que je puisse marcher sur leur traces, je me suis posée la plus romantique des questions, qu'un naturaliste puisse se poser: qu'est-ce que la nature?
pour y répondre; j'avais décidé de bivouaquer à nouveau au Cap roux, avec une bande de copains.

La traversée de la forêt:

tout au long de la route, je pense à mon thème de ce week-end: la nature, c'est quoi en fait?
c'est tous ce que je voyais  : 
le sol, la terre, les roches, ou ce que les scientifiques appellent la lithosphère.
le ciel ou l'élément air ou: l'atmosphère.
l'eau,  l'hydrosphère.
et enfin : les plantes, les animaux et surtout nous, nous constituons tous l'ensemble le monde vivant ou la biosphère.
nous entretenons tous des relations très étroites les uns avec les autres, chaque élément est indispensable, c'est comme un puzzle, si il venait à manquer  une pièce, le tableau restera incomplet. sauf que dans la plate-forme réelle: les conséquences peuvent-être  très fâcheuses.



le camp, le feu:

 
après une longue descente on arrive enfin à la plage, on se soulage rapidement du poids sur nos dos (c'est principalement l'eau qui pèse lourd, environ 2L par personne). 

c'est notre 2ème nuit dans cet endroit.

je ne casse plus la routine du quotidien,je vais au-delà, mon organisme me réclame cette drogue...plus que de marcher en plein jour dans des terrains accidentés, il me dicte de veiller la nuit dans un milieu sauvage...
comme il y a des addicts à la musique, je crois qu'on peut devenir accro au silence. on tolère plus rien d'autre que le bruit de la mer.

on plante nos tantes, je démarre un feu ,je médite, et je note tous ce qui me traverse l'esprit....
la magie de la nuit vous enveloppe, vous entendez l'univers vous chuchoter à l'oreille, vous caresse la peau...vos pied dans le sable, le feu qui mue comme un petit diable et éclairant joyeusement votre bulle...
l'éveil des sens, quoi!
mes idées continuent à trotter à l'intérieur de moi, et à l'extérieur aussi:

l'homme a coupé le cordon,  et il ne dépend plus de la mère nourricière, il a commencé à se prendre par le centre de l'univers, il s'est mis en dehors du système, comme si tout le reste existaient pour lui, pour le servir! 
on ne reçoit plus les signaux bienfaiteurs de la nature! on est comme les poules de l'élevage, nous naissons, évoluons et mourrons dans un monde artificiel!

la soirée, contes et contemplation:


la voute céleste venait de se parer de tout ses bijoux: planète, bras de la galaxie, la lune avait rejoint le cortège après s'être longtemps cachée derrière les nuages, et  pour finir quelques étoiles filantes par-ci, par-là...
après avoir grignoté quelque chose, nous nous sommes mis à bavarder, contes et autres histoires.
Ô subtilité quand tu nous tient!
soudain, on les a vu passer...de noir vêtus, ne disant pas un mot, ils devaient avoir notre âge, on devinant ce qu'ils étaient sur le point de faire, on avait compris pourquoi ils n'avaient pas le cœur à jacasser.

c'était de futurs voyageurs clandestins ( il ne l'étaient pas encore car ils respiraient encore le même air que nous),peut-être de futurs mourants!
nos cœurs se sont alourdis au moment où nous avions saisi cette réalité!
Ô paradoxe! nous, nous étions là pour savourer la beauté de notre pays et en faire la promotion, et eux ils prenait la fuite à partir de ce même point! 
nous avons continué à parler...peu de temps après nous avions entendu le bruit d'un moteur s'éloignant vers le large... 

la plage, des couleurs et des échantillons:

j'avais senti un réel bonheur en m'immisçant dans mon sac de couchage. 
 j'avais dormi avec mes deux poings fermés, le sol était un peu dur, mais j'avais dormi d'un sommeil profond, après cette fatigue saine qui peut vous abattre un buffle. je ne me suis réveillée que lorsque j'avais entendu l'agréable bruit des gouttelettes de pluie frapper délicatement le dos de la tante.
j'avais souri au fond de mon lit, j'avais peur qu'elles deviennent torrentielles, qu'on se mouille, qu'elles nous emportent...
notre manie de toujours de penser au pire! il n'en était rien! 
  
au petit matin,
quand je pointe mon nez en dehors, je trouve Alaa assis tout seul, sans rien dans les mains, je lui demande ce qu'il fait...
-je médite, répond-il.
c'est un miracle, à immortaliser!

je cours le long de la plage, histoire de m'échauffer avant de me jeter dans l'eau...je scrute le sable en même temps et je trouve de tout: des coquillage, des cailloux, des algues, des morceaux de verre érodés par la mer...je prélève des échantillons d'argile: verte, grise, rouge...etc, aussi du sable.

la montée...



  lui, c'est un pêcheur traditionnel, il était établi ici depuis 20 jours, il vivait de ce qu'il pêchait et de temps en temps il montait au village pour se procurer à manger! on a sympathisé avant qu'on parte! il nous a raconté le triste sort des immigrants d'hier: ils ont coulé, mais on les a secouru, seulement...

3 d'entre eux ne rentreront jamais chez eux.
quelle tristesse! 

puis il a fallu refaire le chemin à l'envers ...dur, dur de monter!
et c'est dans des moments comme celui-là que je me déteste, parce que je m'impose cela. mais à la fin je me félicite.
on ne parle plus, il est plus vital de respirer, ça je le tiens de Sylvain tesson.
ah, le bonheur d'avoir réussi.





dernières réflexions sur la falaise, avant de rejoindre à nouveau la civilisation...

selon certains, nous souffrons d'une véritable crise identitaire et c'est ce qui est à l'origine des autres crises dans le monde: territoriale, religieuse, sanitaire, économique...etc.
selon eux cela est au fait que nous nous soyons trop éloignés de la nature, nous avons bâti des maisons, édifié des villes, dressé des chemins, à l’intérieur desquels on se cloitre...une vraie prison!
la modernité; est-ce bien? est-ce mauvais?j'avais toute la nuit pour méditer dessus....ici entre ciel et terre, la mer devant moi, le pic roux derrière mon dos;
se résigner à revenir à votre vie d'avant, ça c'est plus dur que l'escalade en elle même. 
une chose est sûre, la quête continue!


 P.S: prochaine fois: explorer l'épave du bateau. 

2 commentaires:

 là où, peut-être, quelque chose vient de commencer... je t'offrirai des couleurs. dimanche, 01 Octobre 2023. journal intime!