mercredi 15 mars 2017

le socialisme des villages de Kabylie avant Karl Marx


Voyage en Kabylie, épisode 05 et le dernier,  

ici quand on faute, on paie une amande
quand on s'absente de la réunion, on paie une amande.
quand il y a des funérailles au village et que l'on s'absente, on paie une amande.
quand on cause des problèmes on paie une amande....
-où va l'argent des amandes? avais-je demandé.
-nourrir les projets du village, réparation, travaux d'intérêt général...etc.

-extrait du dialogue entre nous et les guides du
village de Tirourda.


placette de la réunion du village le plus propre de Kabylie.

chaque village a une mosquée, une crèche, une maison de jeune, et un lieu public pour se réunir"
ce qu'on appel "tadjmaate"  (ce qui signifie en arabe; se réunir)
de façon hebdomadaire les villageois se retrouvent  pour parler "projets" ou pour résoudre des problèmes; comme l'héritage, les divorces...etc.

ils résolvent leurs malentendus  par eux même, ils n'ont jamais recours à la justice que nous connaissons, gare à celui qui consulte le palais la justice avant, ça lui vaudra le bannissement!
-ici on régle tout par nous même, si le problème s'avère insoluble, on appelle les sages (de chaque tribu) dit le guide.
les gens qui commettent des fautes, paient des amandes, sinon ils sont mis en quarantaine (la peine la plus difficile dans leur lois) la prison n'existe pas pour eux!
on se  demande pourquoi!? .... ce peuple est né libre! donc c'est logique que  la captivité soit une chose impensable,imprononçable...mais la mise en quarantaine est la plus dure, chez un peuple aussi "social"

et  c'est ça le plus beau, leur "socialisme"
Karl Marx en Algérie.
jamais un Kabyle n'a mis de plan, ou posé les fondations de sa maisons, sans regarder ce que projetaient ses voisins...ici, on réfléchit ensemble, et on construit ensemble!

un socialisme fabuleux qui intéressa Karl Marx et qui le réduisit à une certaine modestie, au point où il avait dit que si il avait découvert le Kabylie il aurait reécrit la moitié du "Capital"...ce que me raconte mon guide avec fierté alors que nous traversons les petits potagers du village.

 pendant que nous marchons, il m'explique des tas d'autres choses, comme par exemple  ces branches de figuiers coupées et amassées  qui fourniront une sorte de tabac à chiquer.

dans un des villages on nous propose des figues que nous dégustons trompées d'huile d'olive ... en été on les mange fraichement cueillies de l'arbre, on en fait sécher une partie pour l'hiver...
en effet dans ce pays on vit de liberté et de figues sèches ....

dans le bus, je vois à travers la fenêtre...une dame, vieille pliée en deux pour travailler la terre, je suis pleine d'admiration et des tendresse...
les kabyles mènent une vie au rythme de la nature....
je révise mes précieuses notes sur le chemin du retour;  je tombe sur le calendrier berbère raconté et commenté par mon guide, les noms des mois en Kabyle,  leurs significations,  leurs durées diffèrent, un mois kabyle peut durer 7 jours ou plus comme c'est le cas pour ...
  يناير, 
 فورار, 
où le climat change ثيمغارين  
où le froid revient doux, puis rude (احڨان (اكاي+ احرين
   où le printemps arrive  نيسان
ايزڨزاون
 ايقوران
où il fait trop chaud الصمايم
الخريف
 حرفاذم
où il commence à faire froid الشتا 
 où les nuits sont très longuesليالي
 ايفركانن

je regrette de ne pas avoir revu mon guide, il n'était pas venu, il devait travailler...
je ne connais toujours pas son nom, je n'ai même pas pris de photo de lui.
je me souviens qu'il m'avait dit qu'il travaillais dans l'Audio-visuel.
je le remercie énormément pour toutes ces histoires extra-ordinaires, ces explications, la tasse de tisane partagée sur le flanc d'une montagne...

je ne pouvais pas espérer faire un meilleur voyage!


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