lundi 10 avril 2017

Comprendre l'écologie de la ville de Ghardaïa...ou juste une tentative!

Au Pays Des Mozabites: épisode 3


Entrée de la ville d’El-Atteuf,
On aperçoit le Minaret,
Plus on s’approche plus il semble grand et majestueux 
on se réveille de bonne humeur, entre des tasses de café, des poignées de mains solides et des formules chaleureuses...
les garçons de Tad'Art ont concoqueté un charmant programme  pour nous, ils ont pris en considération le fait que nous venons de tous les coins de l'Algérie...donc, oh dieu sait combien on voudrait découvrir la ville de Ghardaïa.

2éme jour, nous visitons la ville d'El-Attef...j'ai à nouveau la Chance d'avoir un guide rien que pour moi, pendant qu'on nous conduit vers le lieu de notre première visite, Rabie Hammouda me parle "fièrement" de l'originalité de la vie au beau milieu de ce désert:


la construction du "Ksar"
"ksar";est le  mot magique qu'ont choisi les Mozabites pour désigner chacune de leurs villes.

on commence toujours par élever la mosquée qui est installé au somment....puis les maisons , qui se positionnent autour en cercles qui s'élargissent, plus bas et plus loin il y a les remparts de la ville, sertis de temps en temps d'un "Bordj", ces fortifications qui ont leur utilité en temps de guerre.

tout juste derrière viennent les cimetières , la distance est plutôt étudiée...de sorte à limiter la croissance de la ville. si on atteint ces limites...c'est qu'il est temps d'aller installer une nouvelle ville...ailleurs!
les marchés sont organisés sous forme de carrefours,  une large placette sur laquelle débouchent plusieurs ruelles, les palmeraies sont bien évidemment tapies autours des points stratégiques d'eau.

 Quand l'architecture et l'écologie se combinent...


 en 1982, la ville de Ghardaïa a été déclarée comme patrimoine Mondial par l' UNESCO,  parce qu'elle illustre l'exemple parfait d'un habitat humain traditionnel, adapté à l'environnement.

mais en fait! qu'est-ce qui rend les constructions de Ghardaïa écologiques?

réfléchissons un peu ...dans le désert, les ressources naturelles sont réduites pour ne pas dire nulles, donc en plus des tracas de l'eau; l'homme devait se montrer ingénieux pour survivre...

il fallait construire avec économie et avec des matériaux locaux! le bois est rare, hors le feu est le moteur de toute industrie,  donc il fallait réfléchir à deux fois avant de faire quoique ce soit...
la chaleur est un ennemi redoutable, alors il fallait construire en prenant tout le temps en considération ce paramètre...
en se baladant dans les villes du M'zab, on admire les solutions qu'a trouvé l'homme pour résoudre les énigmes imposés par cet environnement.

les portes sont petites! pourtant les Mozabites ne sont pas petits de taille...en fait, c'est pour répondre à la contrainte de la rareté du bois!
les fenêtres sont petites et hautes...ainsi les gens sont à l'abri du soleil et des regards, tout en permettant à l'air entrer.
les rues étroites ...pour préserver l'intimité des habitants, oui...mais aussi pour la ventilation.

... à l'heure où le soleil tue toute ombre dehors, nous sentions  un courant d'air frais venir nous rafraichir, alors que nous gravitions ce dédale: Orange, charmant et frais!
cette façon de construire est née d'un savoir faire des anciens habitants de Ghardaïa, elle est respectueuse de la vie commune, et de l'environnement, tout en résistant à l'épreuve du temps!
ce qui fait de cette ville un modèle d'inspiration pour les urbanistes modernes.

le guide nous en parle avec fierté, en regardant le peu de climatiseurs accrochés aux murs avec véhémence..comme pour dire que sa ville chérie n'a pas besoin de ces horrible moteurs hideux, produisant plus de bruit que de fraicheur!
















 
 





















de "petites" sociétés "...gérables et durables"
d'où la question: pourquoi limiter la croissance de la ville?

ici "tout le monde connais tout le monde" me dit-on...
alors on a honte de se conduire mal, on a peur d'être pointé du doigt, on peut pas se permettre d'être la brebis "galeuse" du groupe!

 et puis il y a des lois qui régissent ces petites sociétés (tout comme chez les kabyles), ces lois; si on les examine de près,  préservent les liens entre les hommes, et aussi entre l'homme et sa terre!
ici il est strictement interdit de construire à l'intérieur des oasis et des palmeraies par exemple, un terrain productif ne servira à rien d'autre qu'à des activités agricoles.

  ici il pleut rarement, mais quand ça arrive; c'est des pluies torrentielles qui s'abattent sur la vallée. d'où le choix de construire la ville en hauteur;
après la pluie , Oued M'zab revit, et telle l'artère principale il irrigue la ville et l'essentiel des Oueds qui se détachent de lui.
l'eau par infiltration, se cache dans les nappe phréatiques, d'où l'idée d'établir un réseau de puits souterrains...l'eau est distribuée avec une parcimonie d'orfèvre et avec justice, l'ouverture des canaux de distributions est mesuré par les "doigts"!
" gare à celui qui construit sur le passage de l'Oued!"


...Ce qui arriva en 2008 !

pluie diluviennes,
plus de 30 morts,
un peu moins de 100 blessées
entre 300 et 600 maisons détruites...
le désastre!

la leçon!

vivre en étroite liaison avec la nature, la respecter  et  la craindre ...car si on feigne d'ignorer sa loi, elle vous brise.
on ne se mesure pas aux forces de la Terre" ...elle se montrera patiente, jusqu'à une certaine limite!

vivre avec économie!
 on économise l'eau, les ressources, et aussi l'énergie dans toutes ces formes dont la paroles, et les actes...on parle pour bien dire, on fait pour bien faire...sinon rien!
c'est l'un des modes de vie que je respecte et que j'aimerai voir se répandre...


L’âne a toute  sa valeur,
Bête de somme ;  utile,
 et un moyen de transport toujours d’actualité.
Chargé des deux côté on l’utilisait autrefois
pour mesurer la largeur des rues pendant la construction…
Tout comme en Kabylie.

 







mardi 4 avril 2017

• des plantes, des reliefs, et de la spiritualité !




 Au Pays des Mozabites: épisode 2

"Moi autrefois j'étais habitant du désert,
habitué au repos à l'ombre des arbustes,
je n'ai jamais connu assez d'arbres pour constituer une forêt,
ma terre est la "Temesna" dans sa blanche nudité inhabitée,
elle ne peut-être pâturage pour chèvres et vaches,
c'est une terre pour la chamelle suivi de son chamelon" 
traduction de la chanson : Mano Dayak,
de Tinariwen.
 
environ 8h de trajet, entre chansons de touaregs et  des sièstes nocturnes , j'ai le temps de rêver et d'imaginer à quoi ressemble la ville de Ghardaïa.
nous arrivons aux alentours de 3h de matin, au centre d'agro-écologie d'Akraz (un mot mozabite signifiant agriculteur) , on se dirige vers nos chambres.
les draps sentaient un peu la poussière... mais fatigué à ce point,  on pense qu'à dormir!
 
au commencement, dieu dit que le lumière soit, et la lumière fût:

Les Mozabites se lèvent tôt, et travaillent toute la matinée jusqu’à midi. A cause du soleil qui devient trop fort, ils cessent toute activité et se mettent à l’Abri jusqu’à 16h.

Je me lève tôt moi aussi…mon premier réflexe est d’aller vérifier dehors.
Je me réveille à Ghardaïa les gars, ça n’arrive pas tous les jours !

9h de matin, il fait bon...je sort pour une randonnée, les garçons acceptent de m'accompagner. merci Sofiane, Ali et Abderrahmène...c'était beau de partager ces quelques km et des bouts d'histoires avec vous

J’apprends que l'ouverture du salon est prévue pour 16h ... D’ici là nous avons quartier libre!
je prends mon café devant ce paysage, nouveau, jaune et rempli d'un immense vide! 
je commence à avoir les jambes qui fourmillent, je ne saurai contempler cet espace sans être tentée d'aller explorer!
 je demande la permission, on me dit que je peux...

4 km à pied, ça use, ça use...4 km à pied ça use les souliers... 
si l'on me demandait un jour, c'est quoi ta meilleure qualité? je dirai: marcher!
je marche bien, et beaucoup!
la marche use la chaussure, le pied, le corps...mais elle aiguise l'esprit.
 
quand je marche, la machinerie de mon esprit tourne à fond...
des questions et des réflexions viennent me visiter et  s'imbriquer à ce que je vois...une vraie tempête de "science" que vous ne saisissez pas tout à fait, mais vous ne lui résistez pas non plus!
comme d'habitude, c'est des touffes de plantes devant lesquelles je m'arrête ou des roches aux formes et couleurs curieuses... je me délecte de lire le monde, plus le cadre est nouveau;  mieux c'est!

ainsi est pris, celui qui croyait prendre...
je photographiais des plantes.
crédit Photo: Ali Mihaoudi



interroger le désert...

en effet il n'y a pas de sable ici, le vent s'est chargé de tout emporter...tantôt des monticules de roches, parfois des plateaux qui s'étendent jusqu'à l'Horizon. 

c'est ce qu'on appelle en géographie : le "Reg"; mais quand c'est un plateau et non pas  une plaine ça devient une "hamada".
je ne connais pas grand-chose en minéralogie, mais c'est beau!
 
d'où viennent toutes ces roches? d'un volcan éteint et disparu? apparues après un processus de sédimentation, ou de métamorphose? 
explorer, c'est ça aussi...se poser des questions auxquelles on sait pas forcément répondre! 
on avance...comme si on était aspiré par quelque chose ...
on laisse derrière nous "Oued N'tissa"; dans la carte je vois qu'il représente une bifurcation assez importante de "Oued M'zab".
on est au beau milieu du printemps et pourtant il est complétement desséché, les nombreuses plantes que je trouve autour de son bassin témoignent d'une abondance hydrique importante...mais là, plus rien.

   
des épines, et des fleurs au désert,
  je trouve l'Armoise et l'Harmel ...et  d'autres plantes que je ne connais pas! la plus part d'entre elles se situent dans la famille des composées.
quel bonheur de se balader dans un environnement aussi hostile, et de trouver des fleurs aux flancs des roches!






 









comme je regrette de ne pas avoir suffisamment de temps pour rester à les regarder indéfiniment;
pendant qu'elle reçoivent le soleil comme une bénédiction...ce que nous avons oublié de faire,
pendant qu'elles élaborent leur sève,
pendant qu'elles séduisent les abeilles avec des formes, des couleurs, et des odeurs...ces délicatesses qui n'ont plus d'influence sur nos sens; tellement ils ont été "dénaturés"
pendant qu'elles luttent pour survivre...pour trouver l'eau, s'accrocher au sol, ne pas se faire bouffer...


entrer en trans!
 Ce nouveau cadre, un nouveau goût à la méditation…
de la nature et de la spiritualité...

quand le vide résonne...
c'est comme à la mer avec le bruit de l'eau en moins.
c'est comme dans les bois, mais sans le froufrou des arbres ...
c'est difficile à expliquer...partout où vous êtes, il y a un fond commun qui tapisse tous ces paysages au fond de vous!
ceci est-une chance! avoir l'oreille qui écoute le vide, tous le monde ne l'a pas!

lors de moments comme celui-ci, Je ne renoue plus avec la nature, maintenant qu’elle constitue le pilier de mon existence…depuis qu’elle est au centre, et que j’orbite autour, depuis …je dépends d’elle, je la respire, je la sens, je la consulte...je me félicite de m'être débarrassé de la vanité des hommes..ayant horreur de penser que le monde est là pour nous servir, j'aime appartenir à ceux qui réalisent que nous ne sommes qu'une composante de ce monde, et que nous avons plus besoin de lui, que lui a besoin de nous!

sauver la planète! quelle vanité...qui sommes nous pour parler de" sauver"!
nous sommes doués pour maquiller nos fautes...tentative ( désespérée) de sauver sa tête oui!
même en diminuant les déchets, en gaspillant moins d'eau, l'homme ne pense qu'à lui!
quand comprendra-t-il la vraie leçon?

à suivre, bien évidemment...

" Reg" panoramique prise à 560 m d'altitude

 Descente, le lit de "Oued N'tissa" complétement desséché, on voit des touffes de plantes à droite.
 

 là où, peut-être, quelque chose vient de commencer... je t'offrirai des couleurs. dimanche, 01 Octobre 2023. journal intime!