lundi 13 mars 2017

"Misére de la Kabylie"...le livre inconnu d'Albert Camus!

Voyage en Kabylie: épisode 04, le point d'Orgue du Voyage

Albert Camus arrive en Kabylie vers la fin du mois de Mai. il est tout de suite frappé par la misère de la région qu'il visite. Alger-Républicain publie, le 27 mai un extrait de la lettre qu'il reçoit de son envoyé spécial:
"ici la misère est effroyable. si ce n'était pas ridicule, il faudrait le crier tous les jours dans le journal. je ne suis pas suspect de sentimentalité. mais aucun homme de sensibilité moyenne ne peut voir ce que j'ai vu sans être bouleversé", souligne Albert Camus.
Mai-Juin 1939


un petit rassemblement se forma, je rejoins nos jeunes bougiotes par curiosité.
elle était là .. un visage tout rempli de tendresse, et dans lequel le temps a creusé de profonds sillons.

oh la brave dame, merci les garçons pour la photo!
sachant que nous sommes des touristes, elle nous montre ses bottes en caoutchouc pour nous dire qu'il fait froid, et que c'est ce qu'il faut pour la neige.
les jeunes bougiotes ont le privilège de parler Kabyle, ils échangent des bouts de compliments avec elle...ce qui semble la ravir.
tout d'un coup son visage s'illumine lorsqu'elle se lance dans un certain récital, je ne pige rien mais, je ne suis pas insensible aux rimes qui le parsèment.

plus tard William me fait le bonheur de traduire, en fait elle racontait sa vie, qui fût dure et difficile, aux temps de la France en particulier, quand il n'y avait rien à manger, quand il faisait froid et que la neige lui arrivait jusqu'à la taille.
de certaines trahisons entre compatriotes, hypocrisie, et autres médiocrités...
j'écoutais, et ce que j'avais lu jadis sur la Kabylie me revenait...
William me dit qu'il y a beaucoup de proverbes de-dans, que ces rimes étaient composées là, tout de suite...ça vient en parlant....
j'étais sous le charme, comment ne pas fondre en Larmes devant cette légende vivante!
et puis tout ça me rappelle un livre que j'avais lu, dont les faits, sans les les vivre ils vous marquent...

un livre que je n'ai pas acheté en librairie, mais chez un marchand exposant à même le trottoir sa marchandise, le livre me saute au yeux tout de suite:

en rentrant je le dévore en une seule soirée! ....pour vous dire combien  ce livre et bien écrit.
 il a été publié par Alger-Républicain entre le 5 et le 15 juin 1939, d'après l'enquête que mena l'auteur en Kabylie; un vrai travail de journaliste, doublé d'une plume exceptionnelle (rappelons que Camus est un pied-noir, il a eu le prix Nobel de littérature en 1957)
et voici ce qui m'a frappé....

des enfants qui s'évanouissent de faim , en classe.
des vielles qui vont chercher à manger, et qui ne reviennent jamais ...elles meurent ensevelies sous les énormes couches de neiges.
des femmes qui meurent aux couches...
des jeunes qui s'exilent pour nourrir leurs familles...
des hommes à qui en confisquent leurs bêtes, leur seul moyen de survie dans un  certain nombre de cas....
et les 50 bébés qui meurent sur 100 ....

 on y trouve des tableaux , et des chiffres qui font mal....on se sent directement concerné, ces gens qui ont souffert font partie de nous!...mais quelle déception que ce livre ne soit pas connu des Algériens eux même.
je vous laisse encore ce petit bout de lettre, écrite par l'auteur
 "vous me croirez sans peine si je vous dis que j'ai mal à l'Algérie, en ce moment, comme d'autres ont mal aux poumons."
to be continued

la série photo by Walid Baghdadi

1 commentaire:

  1. Comment expliquer votre mal a l'Algerie?quel serait le point commun entre Camus et la misère en Kabylie et l’Algerie de 2018?Pourriez vous nous dire plus?????Merci pour votre reponse.

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 là où, peut-être, quelque chose vient de commencer... je t'offrirai des couleurs. dimanche, 01 Octobre 2023. journal intime!