mardi 7 février 2017

le village où j'ai grandi...retour sur les lieux d'une enfance heureuse.

"When she was just a girl
She expected the world
But it flew away from her reach so
She ran away in her sleep
And dreamed of
Para-para-paradise, Para-para-paradise, Para-para-paradise
Every time she closed her eyes"

Paradise- cold play


pèlerinage ou  "ré"exploration ? je ne sais pas encore comment je dois définir cette aventure,

vendredi, j'ai attendu toute la semaine,
15h, j'ai attendu toute la journée,
 ...je prends le volant, enfin.
l'entrée du Village de Sidi Khettab, Relizane
je mourrais d'envie de revenir sur ces lieux, où je me suis tant  roulé par terre, où  j'ai tant couru,  tant pleuré, tant joué, tant rêvé!
pour continuer à explorer mon pays, il fallait à tout prix ajouter à mon carnet, ce volet!

ma mère a accepté de m'accompagner,
on y est presque,
ça bouge à l'intérieur de moi, comme de grosses vagues chargées d'énergie déjà incontrôlable et qui cognent dans tous les sens.
c'est comme si mes pieds foulaient une terre sacrée.

la mosquée du village,

tout paraissaient incroyablement petit, 

l'école que j'ai fréquenté,
la maison où nous habitions,
mon école primaire
le dispensaire ou travaillait ma mère,
la mosquée, et même les murs du stade me paraissaient incroyablement minuscules!
le CEM
en fait  tout le  village me paraissaient tout d'un coup très petit.
 jadis, pour mes petites jambes infatigables c'était un continent!

en passant  devant les maisons des gens que nous avons connus autrefois , leurs visages me revenaient.
je m'amusais à évoquer les noms avec ma mère, leurs défauts et qualités, et ce qu'ils sont devenus!?
il y a une très vieille femme dont je me souviens, je devais avoir cinq ans, les traits de son visage et ses  rides me reviennent une par une...devinez quoi? elle vit encore!
 une autre dame , la sage-femme du village,elle a chopé le cancer mais elle survit comme elle peut.

toutes les maisons étaient bâties ainsi, avec des matières écologiques comme l'argile, entourées d'arbres, il y avait souvent  une vigne, un citronnier, et  presque toujours un figuier!

peu de choix mais des métiers en Or,

mes camarades ne rêvaient pas de devenir avocats, ou instituteurs , même pas médecins!
ici on grandissait on connaissant son destin,  devenir paysan:  on cultive la terre de son père, et on élève les animaux de la famille;
agriculteurs, bergers, étaient les héros de mon quotidien, je les regardais, j'admirais leur dur labeur.
ici on était autonome avant de voir pousser ses propre dents, on fabriquait nos propres jouets, et on se débrouillait comme des champions.
plusieurs de mes camarades venaient de loin tout de même, je savais qu'ils quittaient leurs chez eux trop tôt,  pour passer des heures sur la routes, pendant que moi je pouvais rester au lit, parce que l'école c'était tout près.
le plus beau, où le le pis, je ne saurai trancher...c'est qu'ils aimaient l'école, qu'ils allaient pourtant quitter trop tôt pour travailler aux champs!
 on se nourrit de la terre, dont on prend soin...des années plus tard, devenue adepte du "Do it yourself" j'ai attendu un peu avant de comprendre que le meilleur métier du monde est celui qui nous rend indépendant du système, et surtout qui nous rapproche de la nature.

 

la question du marabout!

je me rends compte que je me posais des question d'ordre philosophique assez tôt!
qui étaient ses hommes assez nombreux, dont on faisait éloges, et élevait au rang des saints, et surtout à qui on se permettait de demander des choses! il s'agissait souvent de la fertilité, du mariage, ou d'éloigner le mauvaise œil !
voyant tous ces gens se ruant sur une simple tombe, je me demandais:"si il y avait une quelconque logique derrière cette habitude!?" on y réfléchissant...je ne trouvais aucune! mais ma mère m'apporte une réponse, elle me raconte qu'à l'origine, c'était la France qui encourageait ce genre de pratique pour éloigner les gens de dieu, et de la vraie religion.
un puits abandonné, dans une Zaouïa, là où ont vécu et sont ensevelis les marabouts
ici, on vous guérit du mauvais œil, un œil est dessiné au beau milieu d'un cercle noir  sur le mur!

en effet; le vert c'est la couleur du paradis,

déjà haute de trois pommes, je regardais les ânes avec curiosité: comment  pouvaient-ils manger autant de plantes épineuses sans se blesser? je trouvais qu'ils avaient l'air très doux, quels gentils animaux!?
je scrutais tout le temps les insectes,
et il y avait tout le temps des fleurs de toutes les tailles et toutes les couleurs.
j'ai grandis au rythme du blé qui se dore au soleil dans les champs,
on savait de coutume que le retour des hirondelles annonçait le printemps .
je voyais les montagnes aux loin, croyant naïvement à mes livres de géographie, je pensais que ça devait être le fameux "Atlas Tellien"!
 mon œil s'était habitué  à ces fresque gigantesque, et sans cesse en mouvement que nous offrait la nature.

la fenêtre à gauche au rez de chaussées, c'était là, ma chambre!
j'ai joué avec du sables, des pierres, des branches, du goudron! oui du goudron. c'était à l'époque où on construisait les routes du côté de chez nous.

je suis passé devant l'endroit où j'avais tellement sali mon tablier orné d'ours, que ça m'avait valu une belle correction, dont je me souviens toujours d'ailleurs.

et là où je m'étais blessé gravement en tombant, on m'avait prescrit des injections, ma mère et l'infirmier ont eu du mal pour me les administrer...je n'allais pas encore à l'école à cette époque là!

ici on vivait de lait de vache, des œufs qu'on avaient ramassé des nids de poules libres d'aller et venir comme elles voulaient, une future progéniture qu'elles faisaient tout pour cacher!
du pain cuit dans un four traditionnel fabriqué de terre et d'argile, on se régalait de pastèques et de figues de barbaries en été.
c'est là où j'ai appris à tricoter, à faire des tresses, et des nœuds, avant d'apprendre les chiffres et les lettres.

 
ces maisons désertes, remontent au temps des colons...

tout comme l'herbe,
j'avais pris mon temps pour grandir, sainement!
 de corps,
et d'esprit.

 sur le chemin du retour, je m'amuse  à capter encore quelques images, pour me consoler....
 ces maisons désertes, remontent au temps des colons,
les gens ne les habitent pas, allez savoir pourquoi !?
 peut-être par pudeur, ou par fierté!

ma mère partage mon avis, que ce retour en arrière était bénéfique, qu'on devrait le faire souvent.
un vrai voyage dans le temps !

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