mardi 4 avril 2017

• des plantes, des reliefs, et de la spiritualité !




 Au Pays des Mozabites: épisode 2

"Moi autrefois j'étais habitant du désert,
habitué au repos à l'ombre des arbustes,
je n'ai jamais connu assez d'arbres pour constituer une forêt,
ma terre est la "Temesna" dans sa blanche nudité inhabitée,
elle ne peut-être pâturage pour chèvres et vaches,
c'est une terre pour la chamelle suivi de son chamelon" 
traduction de la chanson : Mano Dayak,
de Tinariwen.
 
environ 8h de trajet, entre chansons de touaregs et  des sièstes nocturnes , j'ai le temps de rêver et d'imaginer à quoi ressemble la ville de Ghardaïa.
nous arrivons aux alentours de 3h de matin, au centre d'agro-écologie d'Akraz (un mot mozabite signifiant agriculteur) , on se dirige vers nos chambres.
les draps sentaient un peu la poussière... mais fatigué à ce point,  on pense qu'à dormir!
 
au commencement, dieu dit que le lumière soit, et la lumière fût:

Les Mozabites se lèvent tôt, et travaillent toute la matinée jusqu’à midi. A cause du soleil qui devient trop fort, ils cessent toute activité et se mettent à l’Abri jusqu’à 16h.

Je me lève tôt moi aussi…mon premier réflexe est d’aller vérifier dehors.
Je me réveille à Ghardaïa les gars, ça n’arrive pas tous les jours !

9h de matin, il fait bon...je sort pour une randonnée, les garçons acceptent de m'accompagner. merci Sofiane, Ali et Abderrahmène...c'était beau de partager ces quelques km et des bouts d'histoires avec vous

J’apprends que l'ouverture du salon est prévue pour 16h ... D’ici là nous avons quartier libre!
je prends mon café devant ce paysage, nouveau, jaune et rempli d'un immense vide! 
je commence à avoir les jambes qui fourmillent, je ne saurai contempler cet espace sans être tentée d'aller explorer!
 je demande la permission, on me dit que je peux...

4 km à pied, ça use, ça use...4 km à pied ça use les souliers... 
si l'on me demandait un jour, c'est quoi ta meilleure qualité? je dirai: marcher!
je marche bien, et beaucoup!
la marche use la chaussure, le pied, le corps...mais elle aiguise l'esprit.
 
quand je marche, la machinerie de mon esprit tourne à fond...
des questions et des réflexions viennent me visiter et  s'imbriquer à ce que je vois...une vraie tempête de "science" que vous ne saisissez pas tout à fait, mais vous ne lui résistez pas non plus!
comme d'habitude, c'est des touffes de plantes devant lesquelles je m'arrête ou des roches aux formes et couleurs curieuses... je me délecte de lire le monde, plus le cadre est nouveau;  mieux c'est!

ainsi est pris, celui qui croyait prendre...
je photographiais des plantes.
crédit Photo: Ali Mihaoudi



interroger le désert...

en effet il n'y a pas de sable ici, le vent s'est chargé de tout emporter...tantôt des monticules de roches, parfois des plateaux qui s'étendent jusqu'à l'Horizon. 

c'est ce qu'on appelle en géographie : le "Reg"; mais quand c'est un plateau et non pas  une plaine ça devient une "hamada".
je ne connais pas grand-chose en minéralogie, mais c'est beau!
 
d'où viennent toutes ces roches? d'un volcan éteint et disparu? apparues après un processus de sédimentation, ou de métamorphose? 
explorer, c'est ça aussi...se poser des questions auxquelles on sait pas forcément répondre! 
on avance...comme si on était aspiré par quelque chose ...
on laisse derrière nous "Oued N'tissa"; dans la carte je vois qu'il représente une bifurcation assez importante de "Oued M'zab".
on est au beau milieu du printemps et pourtant il est complétement desséché, les nombreuses plantes que je trouve autour de son bassin témoignent d'une abondance hydrique importante...mais là, plus rien.

   
des épines, et des fleurs au désert,
  je trouve l'Armoise et l'Harmel ...et  d'autres plantes que je ne connais pas! la plus part d'entre elles se situent dans la famille des composées.
quel bonheur de se balader dans un environnement aussi hostile, et de trouver des fleurs aux flancs des roches!






 









comme je regrette de ne pas avoir suffisamment de temps pour rester à les regarder indéfiniment;
pendant qu'elle reçoivent le soleil comme une bénédiction...ce que nous avons oublié de faire,
pendant qu'elles élaborent leur sève,
pendant qu'elles séduisent les abeilles avec des formes, des couleurs, et des odeurs...ces délicatesses qui n'ont plus d'influence sur nos sens; tellement ils ont été "dénaturés"
pendant qu'elles luttent pour survivre...pour trouver l'eau, s'accrocher au sol, ne pas se faire bouffer...


entrer en trans!
 Ce nouveau cadre, un nouveau goût à la méditation…
de la nature et de la spiritualité...

quand le vide résonne...
c'est comme à la mer avec le bruit de l'eau en moins.
c'est comme dans les bois, mais sans le froufrou des arbres ...
c'est difficile à expliquer...partout où vous êtes, il y a un fond commun qui tapisse tous ces paysages au fond de vous!
ceci est-une chance! avoir l'oreille qui écoute le vide, tous le monde ne l'a pas!

lors de moments comme celui-ci, Je ne renoue plus avec la nature, maintenant qu’elle constitue le pilier de mon existence…depuis qu’elle est au centre, et que j’orbite autour, depuis …je dépends d’elle, je la respire, je la sens, je la consulte...je me félicite de m'être débarrassé de la vanité des hommes..ayant horreur de penser que le monde est là pour nous servir, j'aime appartenir à ceux qui réalisent que nous ne sommes qu'une composante de ce monde, et que nous avons plus besoin de lui, que lui a besoin de nous!

sauver la planète! quelle vanité...qui sommes nous pour parler de" sauver"!
nous sommes doués pour maquiller nos fautes...tentative ( désespérée) de sauver sa tête oui!
même en diminuant les déchets, en gaspillant moins d'eau, l'homme ne pense qu'à lui!
quand comprendra-t-il la vraie leçon?

à suivre, bien évidemment...

" Reg" panoramique prise à 560 m d'altitude

 Descente, le lit de "Oued N'tissa" complétement desséché, on voit des touffes de plantes à droite.
 

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 là où, peut-être, quelque chose vient de commencer... je t'offrirai des couleurs. dimanche, 01 Octobre 2023. journal intime!